Dans les années 1990, le Mali était considéré comme un exemple de stabilité dans le contexte Sub-saharien, car il était l’un des États de la région où il y avait du développement et de la consolidation démocratique. Depuis 1992, le Mali a organisé des élections généralement compétitives et multipartites, avec des résultats parfois incertains mais toujours acceptés par toutes tes parties prenantes.

 

En raison d’une crise de confiance au plan interne et de la dégradation du contexte sécuritaire régional (établissement de groupes djihadistes dans l’espace sahélien, leur ancrage avec les rébellions indépendantistes et les trafics illicites divers) le Mali a connu une instabilité politique culminée avec un coup d’État d’une junte militaire. 

Les militaires se sont engagés à rendre le pouvoir à des civils élus au bout de 18 mois, et ont installé entre fin septembre et début octobre un président, M. Bah N’Daw, colonel-major de l’armée de l’air à la retraite et éphémère ministre de la Défense, et un gouvernement de transition.

 

Le président de la transition a notamment promis de combattre la corruption, mais également d’assainir les processus électoraux, deux des revendications majeures du M5. Une feuille de route a été développée avec un plan d’action indiquant les différentes activités à réaliser pour garantir une transition inclusive, devant déboucher sur des élections crédibles et transparentes au bout des 18 mois de transition. 

En ce qui concerne l’organisation des élections, une configuration assez complexe existe au Mali, caractérisée par la présence de trois organes ayant des attributions spécifiques, notamment :

  • Le Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation – MATD (en charge de la préparation technique et matérielle des élections, sans pour autant disposer d’une division électorale en tant que telle et largement dépendante de l’appui technique externe et des moyens et compétences des préfets et sous-préfets pour l’organisation du scrutin),
  • La Commission électorale nationale indépendante – CENI (son rôle est de veiller à la régularité des élections à travers la supervision et le suivi du processus électoral, mais son rôle est plutôt secondaire),
  • La Délégation générale aux élections – DGE (en charge du fichier électoral)

 

Dans ce contexte, les prochaines élections générales prévues pour l’année 2022, constituent un test pour le pays et un enjeu majeur en vue de consolider sa démocratie et la stabilité et de marquer un pas vers un contexte politique propice à un état de droit et au développement du pays.

Cependant, les élections constituent également un risque de générer une nouvelle crise et de susciter des violences si les protagonistes ne sont pas suffisamment bien préparés. Afin de réussir ce test, beaucoup de défis se présentent et principalement celui de garantir un climat serein et apaisé qui inspire la confiance et la participation de toutes les parties prenantes.

 

Les questions comme celles liées à l’encadrement juridique des élections, l’inclusivité du processus (tant au niveau de la participation citoyenne et politique), sa crédibilité et sécurisation, ainsi qu’au calendrier, restent sans réponses créant un climat de tension qui a le potentiel de dégénérer en crise s’il n’est pas traité dans les meilleurs délais. Dans ce contexte, il est également constaté que, malgré le fait que des expériences existent localement en matière d’action de prévention, atténuation et gestion de conflit et violence, le besoin en renforcement des capacités et en accompagnement est constaté.