La réforme largement contestée de la Constitution guinéenne par le Président Alpha Condé le 27 mars 2020, les graves violences électorales et les violations répétées des droits de l’homme durant le double scrutin du 22 mars 2020, les élections présidentielles contestées du 18 octobre 2020, ainsi que le coup d’État opéré par l’armée le 5 septembre 2021 ont eu des conséquences désastreuses sur la vie publique en Guinée. On peut désormais constater une méfiance des citoyens envers l’État, une profonde division politique du pays, et le ralentissement du développement économique.
Néanmoins, un processus de consultation entre le Président de la Transition et les forces vives de la nation a été enclenché depuis 2022. En effet, la "Charte de la Transition", même si elle n’est pas vraiment inclusive, a, malgré tout, fait l’objet de contributions par certaines forces vives, à tour de rôle. Elle constitue le guide de cette période intérimaire, fait fonction de Constitution et définit les missions à suivre, dans lesquelles figurent l'élaboration d'une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections "libres, démocratiques et transparentes". Selon la Charte, la transition sera conduite par quatre organes : le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), instauré par les militaires après le putsch du 5 septembre et dirigé par le colonel Mamady Doumbouya ; le Président de la transition, chef du CNRD, chef de l’État et des forces armées ; un gouvernement dirigé par un premier ministre civil ; et un organe législatif, le Conseil National de la Transition (CNT). Aucun membre de ces organes ne pourra se présenter « ni aux élections nationales ni aux élections locales qui seront organisées pour marquer la fin de la transition ».
Nonobstant les buts de la Charte soient clairs, le contexte politique et social dans lequel la transition se déroule restent tendu et incertain. Le respect du chronogramme de la transition, établi le 21 octobre 2022 entre le CNRD et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a entériné ce calendrier le 4 décembre 2022, reste une préoccupation majeure. La durée de la transition a été fixée pour une durée de 24 mois à partir du 1er janvier 2023.
C’est dans ce contexte politique fragile, dans lequel l’accompagnement de la communauté internationale devient fondamental, que s’inscrit l’action proposée ici. Elle trouve ses raisons d’être dans les constats mentionnés ci-dessus et vise à accompagner la Guinée dans son élan de refondation et de rectification institutionnelle, notamment à travers l’organisation d’élections crédibles, libres et transparentes pour un retour à l’ordre constitutionnel.